Chemins de Mémoire

du Loudunais

Épicerie

Panneau Loudun
Plaque Boulevard Jean Pascault

Deux soldats français ayant à leur trousse l’armée allemande, se réfugient dans l’épicerie, dissimulés dans la cave, ils échappent ainsi aux allemands qui opèrent pourtant une fouille en règle de cette maison.

 
SBROGLIA Fernand
Audun-le-Tiche, le 17 mars 2007  
En écrivant ces quelques lignes, ce qui me vient d'abord à l'esprit c'est l'accueil chaleureux dont firent preuve les habitants de Loudun envers les réfugiés Audunois. L'affluence de cette masse de réfugiés, devait sans doute poser quelques problèmes de ravitaillement à la Municipalité de Loudun, c'est sans doute pour cela que dès l'arrivée du train en venant d'Audun, les responsables de la Mairie de Loudun demandèrent si parmi les réfugiés il y avait des boulangers. Mon père étant le seul boulanger du convoi, il fût engagé séance tenante, le lendemain 13 mai il fût affecté à la boulangerie, pâtisserie Charton située rue de la Poste, au centre de Loudun. M et Mme Charton ont fait preuve envers mon père d'une gentillesse et d'une bonté que je n'oublierai jamais. Moi-même j'allais souvent à la boulangerie prêter main forte à mon père, surtout pour la corvée du bois car à l'époque le four était chauffé au bois. J'habitais avec mes parents rue Porte Mirebeau, non loin du Café Charboneau, où de nombreux Audunois venaient souvent boire un petit coup de vin blanc et parler du « pays ». 
Nos voisins Loudunois par leur gentillesse nous rendaient notre exil moins pénible. L'arrivée des soldats Allemands fût ressentie douloureusement par toute la population de Loudun, la question était ; qu'allons nous devenir ? 
Les Allemands avaient établi un camp de prisonniers de soldats Français non loin du centre ville, ce camp était toutefois provisoire en attendant leur transfert en Allemagne. C'est avec beaucoup de peine que j'assistais au départ des camions remplis de soldats Français, en route vers leur longue captivité. 
A ce sujet je me souviens l'attitude très courageuse de nos proches voisins Loudunois : trois soldats Français qui avaient put échapper aux Allemands, erraient je ne sais pas quel hasard, rue Porte Mirebeau ces braves gens les firent entrer dans leur maison dont la cour était mitoyenne à notre maison, et ensuite ils les habillèrent en civil, leur donnant à chacun d'eux, une bêche, une fourche et c'est ainsi que déguisés en paysans, ils partirent à pieds vers leurs villages, je crois qu'ils étaient originaires de la région de Poitiers. Je pense que ces braves gens aujourd'hui disparus, n'ont comme tant d'autres résistants anonymes jamais mis leur geste en valeur. 
J'aurais beaucoup d'autres choses à raconter au sujet de notre séjour forcé à Loudun, mais je pense que ces quelques lignes sont suffisantes pour montrer la générosité des habitants de Loudun dont hélas beaucoup ont disparu, mais que tous les Loudunois d'aujourd'hui sachent bien que les anciens réfugiés Audunois, dont je suis, n'oublieront jamais, l'accueil généreux, chaleureux et humanitaire dont firent preuve leurs aînés, envers la population Audunoise.  
SBROGLIA Fernand